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  Maignaut médiéval : de la m
par Bertrand Boquien
Un monument millénaire
Le plus ancien monument de Maignaut est une butte de terre artificielle : la motte sur laquelle fut élevé le premier château, peut- être dans le cours du XIe siècle. Le château sur motte est un château d’un type nouveau, qui se diffuse dans toute l’ Europe au cours du XIe siècle. Une éminence circu- laire, entourée d’un fossé, supporte une tour de bois. A son pied, une seconde enceinte forme la « basse- cour », abritant les dépendances du château et servant de refuge aux populations en cas de danger. La motte de Maignaut est toujours en place dans le village. Sa forme s’est un peu altérée au fil du temps, en particulier au Sud, où le talus a été remodelé. C’est au Nord et à l’Est, le long de la route, qu’elle a le mieux conservé sa forme. Renée Mussot-Goulard, dans son « Enquête sur Maignaut », a cité les chartes qui mentionnent les premiers représentants connus d’une famille de Maignaut, à qui
l’ on
truction de la motte. Un autre texte, cité par l’historien Jacques Gardelles, fait connaître, au début du XIVe siècle, un Guilhem-Arnaud de Maignaut, qui pourrait avoir été le constructeur du château actuel. Mais l’ histoire et la succession des seigneurs de Maignaut du XIVe siècle jusqu’à la Révolution restent encore à écrire.
Un village entre deux rivières
Ce premier château s’ est installé dans une position dominante, sur la ligne de crête de la zone d’inter- fluve séparant l’ Auloue et la Gèle, deux petits affluents de la Baïse. Le constructeur n’a pas cherché le perchement à tout prix. Si cela avait été le cas, il se serait installé surle«Pouy»,à500mauSuddu village, point le plus haut des alen- tours. De Maignaut on aperçoit à l’Est et à l’Ouest un vaste horizon,
où se dessinent aujourd’hui d’autres villages et châteaux juchés sur des points hauts : Saint-Orens, Saint- Puy, Valence, Mansencôme...
Au pied de cette motte, du côté Ouest, s’est formé peu à peu un vil- lage. Il compte 18 feux en 1287. Les vestiges de son mur d’enceinte doivent remonter au XIVe siècle.
Mais le village est plus ancien. La fouille menée par Renée Mussot- Goulard en 1983 a montré qu’avant la construction des murs, trois habi- tats s’étaient succédé dans un même point du village. Il est pos- sible que la construction de l’ en- ceinte ait été l’occasion d’un réa- ménagement de l’habitat, selon le tracé relativement régulier que montre le plan cadastral du XIXe siècle. La Place actuelle était en grande partie bâtie et habitée. Le livre terrier de 1729 y compte encore 5 maisons. Le village était traversé par une « grande rue », qui se confond aujourd’hui avec la Place. Des ruelles se
greffaient sur cette rue. Il n’existait qu’une petite place, située au pied du château, et qu’on traversait pour monter à l’église et au cimetière.
Le château neuf
de Maignaut Successeur du château primitif, le château actuel a été bâti sur le flanc Ouest de la motte. Une fenêtre à colonnette dont le style est caractéristique de la première moitié du XIVe siècle fournit une datation possible pour sa construction. Il a subi tant de dégrada- tions qu’il est difficile de se représenter son état d’origine. La façade banale qui regarde la Place du vil- lage a été reconstruite, sans doute au XIXe siècle, sur l’ emplace-
ment d’un de ses murs. Au Sud, toute une partie a été démolie : le mur de façade est un ancien mur de refend, comme en témoignent un passage ouvrant sur le vide, une rangée de trous qui recevait les solives d’un plancher, et les arra- chements des murs en retour. La partie Ouest du château a été abaissée, la plupart des ouvertures médiévales ont été murées. De nou- velles ouvertures ont été percées
tardivement dans les murs, proba- blement pour un usage agricole. Il est donc difficile de se représenter la silhouette du château avant ces transformations. On peut seulement
tenter de l’esquisser. Une restitution précise nécessiterait une étude archéologique complète.
Le château devait être formé d’un corps principal massif, presque cubique, sur une surface au sol double de sa surface actuelle. Sa hauteur devait être uniforme. On peut l’imaginer couvert d’un grand toit de tuile canal à 4 pans, en arrière d’ un parapet crénelé. On ignore si l’avancée oblique du N-E s’ élevait plus haut que le corps principal, formant véritablement une tour. Cette avancée, en tout cas, ne semble pas plus ancienne que le corps principal : l’imbrica- tion des maçonneries, avec une jonction très soignée, montre au contraire qu’ il s’ agit de la même construction.
Les deux belles croisées visibles dans le mur du château (le long de la ruelle montant au cimetière) ne datent pas de la construction d’ori- gine. Leur style les situe à la fin du XVe, ou au début du XVIe siècle. On voit d’ailleurs à côté de l’une d’elles quelques restes d’une fenêtre plus ancienne, démolie pour lui faire place. La construc- tion de ces croisées indique que le château était encore une résidence seigneuriale vers 1500. Par la suite, il dut servir de bâtiment d’ exploitation, d’ habitation pour un fermier, et de lieu de stockage.
    Grande croisée du château Cette fenêtre est divisée par un meneau (vertical) et
une traverse (horizontale) croisés. XVe-XVIe siècle.
       Porte Nord
Fossé de la motte La motte
+
++ ++ ++ + ++ Église
Porte Sud
  Le village
Château
Mare (vestige des fossés)
  Le mur
Fond de plan :
plan cadastral
de Maignaut-Tauzia Section A,
Feuillle n°1
(1ère moitiéduXIXesiècle)
doit probablement
la cons-
Base de porte. Vestiges de la porte qui fermait l’allée longeant le château.
  Fenêtre à colonnette, visible dans le mur de la tour du château (XIVe siècle).
o
 


























































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