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   Parlez-moi d’Adour
  Magnifique album où les photo- graphies de Jean-Bernard Laffitte – qui a réussi à marier le bleu le plus saphir à l’ocre le plus roux, à adosser en toute quiétude ombre et lumière – sont conjuguées avec la
plume truculente, aussi diaprée que les eaux de l’Adour, de l’écrivain Michel Cardoze.
Et c’est un délicieux voyage auquel le journaliste-poète nous convie, car c’est lui qui va parler d’amour pour un fleuve, chevelu de cent gaves, qu’il caresse longuement du vacarme originel de ses sourires aux cris et jeux des « festayres » de son estuaire océanique.
Les deux compères moustachus, « Jean-Bernard et moi » précise maintes fois Michel Cardoze, com- mencent en effet, aux sources bigour- danes de l’ Adour, une aventure que l’ écrivain a su rendre personnelle, critique ou éblouie selon les lieux et les jours d’un mois de mai changeant.
Il s’assied au bord d’un trottoir, déguste un riche saucisson, envoie par-dessus les moulins Histoire et Géographie, et
tout à coup s’inquiète :
« mais où est donc
l’oignon de Trébons ? », juste avant de saluer le souvenir de Lautréamont. On ne s’ennuie pas, car les sentiers sont inattendus, colorés, et engendrent parfois mélancolie mais le plus souvent sourire.
D’abord, on descend la vallée aux mille paysages, on ne s’arrête pas là où il est habituel de s’arrêter, on écoute un berger, un touriste, un pêcheur,
on vit dans « le jus» de barthes cachées sous les gros chênes, on suit le trait d’un saumon, avant d’affronter la légende de la bonne bouche, celle qui scelle le don de eaux aturines aux vagues de l’Océan. La plume du guide- poète, trempée d’encre-mémoire, se fait plus feutrée : « Le ciel était aquitain, océanique, argenté, bleu-plombé par endroits... » le sou- venir de Roland Barthes ne me quit- tait pas. Je songeais à son beau visage, à la sensualité de ses mots.
Aussi, après nous avoir conduits de cap en cap (pardon Bayonne) le long du fleuve impétueux, ensuite alourdi des boues des barthes, enfin empli de majesté à l’approche de son
union marine, l’auteur développe des thèmes choisis.
Sa « Pluralité du monde Adour » chante les gaves et invite le lecteur, tout simplement à chanter lui aussi les noms de cette centaine d’affluents du maître-fleuve qu’ils ont, il y a bien longtemps capté. L’auteur aime la diversité des gaves qui ont su générer de multiples trésors, des petites villes capitales, créant des centres d’intérêt d’une variété infinie, non pour s’enfermer et se limiter, mais pour s’ouvrir au monde. Puis vient le chant de l’eau qui « est de l’or », vivier des pêches préservées, chemin reliant les hommes avec ses bateaux dont une douzaine ont dû livrer leur nom, thermes bienfaiteurs ou doulou-
reux, moulins, fortunes et jeux.
Enfin l’écrivain se livre gravement à une fête finale « des cinq sens » qui, des cuisines aux tables, du raisin au verre, de rituels en innovations, mêle tout ce qui est plaisir, quand le taureau, le canard, le saumon, les aloses, la musique, les couleurs, les vins et les alcools, les cris et les danses, conju- guent leurs effets. Mais il faut aussi remarquer, car le journaliste est toujours présent, au courant, que toutes les associations, tous les comités, toutes les instances qui gèrent la prospérité du monde Adour sont largement salués. Un « monde Adour » plein de vie, étonnant, résolument actuel.
Elizario
Le vert en l’air ÉDITIONS (160 pages)
          Association Maignaut Passion
Au village 32310 Maignaut-Tauzia
Téléphone 06 81 47 23 48 E-mail : hello@maignaut.com Internet : maignaut.com
Composition du bureau
président : Serge Belliard, secrétaire : Jean Salaün, trésorier : Laurent Boyer
Cotisation de membre de l’association :
15 Euros pour l’année 2006
Photo John Sheaff - Mascotte Véronique Vaunat
   








































































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