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 Les hourds
dans l’architecture médiévale
Par Philippe de Saint-Wandrille
Pourquoi un article sur les « HOURDS » dans le petit journal de l’association ? La vieille porte de Maignaut aretrouvédelanoblesse grâceàunsurcroîtdecomblequiressembleàunhourd,c’estl’occasiond’évoquer ces ouvrages de défense. Nous devons cette belle reconstitution à Patrick Arnaud du Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine du Gers, et aussi, au Président Belliard qui a montré beaucoup de courage et une grande perspicacité pour mener à bien cette entreprise. Tout le monde se souviendra des complexités et rebondissements pénibles (le mot est trop aimable) qui ont contrarié le chantier de la vieille porte...
Etymologie
Le terme viendrait du Haut Alle- mand « HURT » (claie de bois), ou du français « hourder » qui signifie bâtir et remplir de torchis entre des pans de bois
Au Bas Moyen Age, Hourd ou Bretêche désignait un ouvrage de bois destiné à la défense et qui s’encorbellait sur l’extérieur. Le terme de hourd s’appliquait aussi pour les estrades et leurs loges de bois édifiées temporairement pour accueillir les spectateurs d’une joute ou d’un tournoi ; en langue Romane, on les appelait « cadafalc », terme qui, en occitan, désignait les hourds de défense.
Définition
Les hourds sont des galeries de bois, sortes de balcons pourvus d’un parapet et parfois d’un toit ; ils furent édifiés en saillie devant les maçonneries, au sommet de tours et de courtines des places fortes. Le
  ©Studio PAT-Houdan
©Studio PAT-Houdan
En couverture : cette illustration de l’Armorial d’Auvergne de Guillaume Revel, datée de 1450, représente le château le CLAPPIER, les hourds sont remarquables par leur teinte brun clair. Les parapets sont bardés de planches verticales jointives, les parties supérieures ouvertes à la façon des loggias méridionales. L’Armorial de Revel recèle d’autres images de châteaux
et villes d’Auvergne, toutes ces places sont encore pourvues de hourds
de défense à une époque tardive.
Enluminure, extraite du livre d’heures du Duc Jean de Berry, elle représente le château
de LUSIGNAN en Poitou. Cette peinture du début du XVe siècle est très riche d’enseignements sur les hourds. Le peintre a certainement représenté le château tel qu’il l’avait vu. Dans la partie gauche les tours sont hourdées de galeries découvertes qui "s’accrochent" aux sommets des maçonneries.
Dans la partie centrale de la vue, les courtines sont elles aussi pourvues de galeries découvertes, les solives sont renforcées par des jambes de force et les parapets
percés d’ouvertures, on aperçoit en arrière plan le crénelage du chemin de ronde.
A droite, la grosse tour surmontée du dragon d’or des Lusignan, est couronnée
d’un « hourd bâti » pourvu d’une lucarne de charge. Au pied de cette tour, un petit châtelet crénelé est percé de « trous de hourds ».
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