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  plancher des hourds était percé de larges orifices, fermés par des trappes ; ces dispositifs permettaient aux défenseurs de tirer verticalement avec des armes de jets et de projeter des pierres sur les assaillants qui s’approchaient de la base de la muraille. Refermées après les tirs, les trappes mettaient les gens d’armes à l’abri des traits ennemis ; les parapets, percés d’ ouvertures telles que des petites fenêtres ou des archères, favorisaient une défense active et relativement sécurisée. Malheureu- sement, ces galeries de bois étaient inflammables et fragiles face aux projectiles des engins de sièges. Leur usage ne dura qu’ un temps, elles furent progressivement remplacées par les mâchicoulis de maçonnerie mais ne disparurent pas totalement dans les régions où le bois d’œuvre était abondant.
Les hourds
aux XIIe et XIIIe siècles
De ces époques, il n’en reste plus aucun exemple d’ origine, seules quelques « traces » laissées dans les maçonneries : de profondes empo- chures qui recevaient les solives du plancher ; ces « trous de hourds » étaient aménagés au moment de la construction du bâtiment, parfois traversant l’ épaisseur du mur ; le maître d’ ouvrage s’ était peut-être appliqué à concevoir la mise en place des solives en les glissant de l’inté- rieur vers l’ extérieur, sans échafau- dage, permettant une remise en état rapide. Le célèbre architecte, et archéologue Violet Le Duc était per- suadé que ces galeries n’ étaient établies qu’au moment des troubles puis démontées et remisées après les sièges. Même si toutes les pièces de bois du hourd étaient « standardisées » àlafaçond’un«kit»,unemiseen
place aussi rapide aurait nécessité une équipe de charpentiers immédiate- ment disponible et capable de réaliser l’ ouvrage dans un délai très court. Nous pensons que ces défenses étaient bâties à demeure et que tout était prévu pour les remettre rapi-
1. Eglise fortifiée de TARSAC (Gers) :
de travailler en porte à faux.
Ces galeries étaient accolées devant les maçonneries, d’ autres prenaient leurs assises en haut des tours, sim- plement posées sur l’arase de couron- nement. Dans ce cas, l’ ossature du hourd constituait la base de la char- pente du toit et sa saillie était de faible importance, afin de ne pas déstabiliser le comble. Ce type de hourd que nous appelons « bâti » fut courant de la fin du XIVe siècle à la première décennie du XVIe siècle. Ce sont les seuls qui nous soient parvenus ; un certain nombre a échappé aux démantè- lements des XVIe et XVIIe siècles ; à la fin du XIXe siècle ils étaient encore nombreux, malheureusement des travaux de réfection de toiture ou de charpente en ont fait disparaître.
Nous avons entrepris cette étude des hourds subsistants en 1995 ; aujourd’ hui, un premier inventaire peut être dressé :
◆ Enceintes urbaines : 5
◆ Eglises fortifiées : 15
◆ Châteaux et Maisons Fortes : 19 Nos recherches se poursuivent car la “liste” n’est probablement pas exhaustive, des bâtiments à hourds restent à découvrir, cette étude per- mettra peut-être des reconstitutions de qualité telles que la tour porte de Maignaut. Quelle passion !
Philippe de Saint-Wandrille
carte postale des années 1920. La tour refuge, probablement postérieure à la construction de l’église, est surmontée d’un « hourd bâti » dont il ne reste plus aucune trace...
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dement en état. Au XIIe siècle et dans la première moitié du XIIIe siècle, les hourds étaient parfois placés à un niveau intermédiaire, situé aux deux tiers de l’élévation du bâtiment, une ou plusieurs portes étaient ménagées pour y accéder ; ils pouvaient être couverts d’un toit en appentis qui les protégeait des intempéries, les traces de ces couvertures et de leurs larmiers sont assez fréquentes. Ils étaient donc bien bâtis à demeure !
Les hourds
aux XIVe et XVe siècles
A la fin du XIIIe siècle et surtout au XIVe siècle quelques améliorations furent apportées ; des consoles de pierre scellées juste au-dessous des « trous de hourd » permettaient de mieux épauler les solives, et d’aug- menter la saillie des galeries. Parfois de petits corbeaux placés à un mètre environ en dessous des « trous de ©Gautreau-Langon hourd », recevaient les pieds de jambes de force qui reprenaient l’about des solives, leur évitant de « plonger » et
 2. Eglise fortifiée de SABAZAN (Gers) :
la grosse tour refuge, et son « hourd bâti » du XIVe siècle, est venue s’accoler
à l’extrémité ouest de la nef de l’église duXIIe siècle.Ceremarquableensemble est probablement le fleuron des hourds de Gascogne.
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©P.S.W.










































































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