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con » : le Tauzia
« la forte valeur emblématique » attachée à ces ouvrages6. Les murs du château sont construits dans un blocage très dur, habillé de chaque côté d’un parement de pierre de taille constitué d’assises en appareil moyen régulier. La bâtisse n’a plus ni toiture ni planchers. A l’intérieur, un gros mur de refend, en partie démoli, sépare deux grands volumes vides. On lit sur les parois la trace des planchers disparus. Le sommet des murs s’érode. Les hommes ont accéléré l’érosion naturelle, car le château a aussi servi de carrière : la démolition de la tour d’escalier a laissé une grande brèche montant de fond en comble dans la façade principale et des pans entiers du parement ont été arrachés à la base des murs. Les pierres ont sans doute servi à la construction aux alentours, ou à empierrer les chemins.
La « grande tour », comme on la
nomme au XVIIe siècle, est une tour-
porte de plan quadrangulaire. Elle
mesure environ 4,50 m sur 3,70 m à la
base, pour une hauteur approxima-
tive de 25 m7. Elle ressemble aux
innombrables tours-portes élevées aux
XIIIe-XIVe siècles à l’entrée des villages
ou des châteaux de la Gascogne
gersoise. Elle n’offre qu’un flanquement limité, puisque, si elle s’avance par rapport à la façade principale du château, elle est alignée sur la façade sud-est. Elle abrite un haut porche voûté, au fond duquel s’ouvre la porte du logis8. On retrouve un porche similaire au château voisin de Mansencôme. Ces porches étaient complètement ouverts sur l’extérieur, à l’origine. La tourelle de l’angle opposé, est à peu près intacte. De plan polygonal, elle déborde de part et d’autre de l’angle du logis par un jeu d’encorbellements. Elle était couronnée d’un parapet crénelé, dont subsistent encore quelques merlons.
A la recherche du château médiéval
Le logis du Tauzia est mieux conservé, malgré sa ruine, que son voisin le château de Maignaut, mutilé au XIXe siècle. Mais ses ruines sont celles d’un château profondément transformé à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Pour retrouver son état initial, il faut rechercher patiemment dans les murs les traces des dispositions les plus anciennes. L’accès aux parties hautes du logis étant impossible, il faut se contenter d’observations faites à partir du sol. Ces observations, à défaut d’une étude plus approfondie, permettent de retrouver de nombreuses traces : ouvertures murées, fragments ou empreintes en négatif de baies supprimées, saignée laissée dans le parement des murs par un pan de toit, discontinuités dans les maçonneries indiquant deux temps de construction etc. On peut ainsi restituer dans ses grandes lignes l’état d’origine du logis.
A sa construction, il comportait trois niveaux. Il en aura quatre par la suite. Le grand mur de refend n’existait pas. Peut-être des piliers de maçonnerie ou des poteaux de bois soutenaient-ils les poutres maîtresses portant le solivage. Le rez-de-chaussée n’était éclairé et
6 - Gilles Séraphin, op. cité, p. 28.
7 - A.D. Gers, 3 E 2667, 6 déc. 1654.
8 - Il est possible qu’une autre porte, accessible par un escalier extérieur, ait existé au premier étage. Il existe des portes à cet étage, mais aucun élément ne permet de les dater.
       La tourelle d’angle repose à l’arrière sur un arc tendu entre deux murs du logis. Elle était accessible par une porte à partir de la coursière qui courait au sommet des murs du château. La porte visible sous l’arc, au niveau inférieur est celle des latrines.
  Cet évier témoigne sans doute de l’existence d’un chai au rez-de-chaussée
du château.
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