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Un « château gas
Des origines obscures
Le Tauzia appartient à la famille des « châteaux gascons », une famille de maisons-fortes, qui « se réduisent à un corps de logis, sur plan rectangulaire, flanqué d’une ou plus souvent de deux tourelles » (Georges Tholin). On a longtemps pensé que ces petits châteaux avaient été élevés des deux côtés d’une frontière « franco-anglaise », après le traité d’ Amiens de 1279, qui avait rendu l’ Agenais au roi d’ Angleterre, aussi duc d’Aquitaine. Les recherches de l’historien Jacques Gardelles, dans les années 1970, ont fait justice de cette théorie, qui a pourtant connu une grande popularité. Pour cet historien, le Tauzia doit être considéré « comme une simple maison forte élevée par quelque petit seigneur désireux de se défendre contre les brigandages fréquents en une période d’insécurité généralisée »1. Aucun document n’éclaire les origines du château. On peut seulement situer sa construction « entre le milieu du XIIIe et le milieu du XIVe siècle », fourchette dans laquelle s’inscrit la construction des « châteaux gascons », selon Gilles Séraphin, leur dernier historien. Rien ne permet de savoir si une autre construction a précédé le château actuel, au même emplacement. Il faut cependant rappeler qu’une famille du Tauzia apparaît dans les textes bien avant la période de la construction du château2.
Le Tauzia n’a été le théâtre d’aucun événement remarquable dont on ait gardé le souvenir. Il fut sans doute occupé par ses seigneurs et leurs familles jusqu’à sa vente, en 1640, par les Marestaing, aux Gélas. Ceux-ci possédaient dans les environs le château de Flarambel et n’avaient guère de raisons de s’établir au Tauzia. A partir de ce moment, le château cesse d’être une résidence seigneuriale. Mais il n’est pas abandonné immédiatement. Un marché de réparations de charpente et de couverture passé en 1654 montre qu’il est toujours entretenu à cette époque3. Il est vrai qu’il n’est pas en bon état : les eaux qui s’écoulent le long de la tour tombent à l’intérieur du logis, un plancher menace de s’effondrer, il faut étayer certaines pièces de charpente... Deux ans auparavant – on était à l’époque de la Fronde – des travaux de fortification avaient encore été réalisés aux abords du château. Après sa vente aux Gélas, le château sert de résidence au fermier de la seigneurie ou à sa famille ou à quelque autre représentant du seigneur4. C’est là que le fermier administre le domaine, passe les contrats, perçoit les redevances. L’acte le plus tardif passé « dans le chasteau noble du Tauzia », retrouvé à ce jour, remonte au 4 mai 1674. Ensuite, on n’entend plus parler du Tauzia avant les années 1810. A cette époque, les experts du cadastre mentionnent « un très vieux château abandonné et dont on ne voit plus que les quatre principales murailles et deux tours5. »
Un bloc flanqué de deux tours
On peut décrire le château du Tauzia comme un bloc de pierre flanqué d’une tour et d’une tourelle à deux de ses angles. Le logis forme un parallélépipède d’environ 12 m sur 14 m. A la haute tour quadrangulaire du nord-est répond une tourelle en encorbellement de même hauteur, à l’angle diagonalement opposé. L’élancement de ces tours témoigne de
1 - Jacques Gardelles, Le Tauzia, dans : Congrès Archéologique de France, Gascogne, 1970, Paris, 1970 (p. 177-180), Id., Les châteaux du Moyen Âge dans la France
du Sud-Ouest. La Gascogne anglaise de 1216 à 1327, Genève, 1972, 284 p. (p. 21).
2 - Denis de Thézan, Valence-sur-Baïse et ses environs. L’auteur ne cite pas sa source, mais cela n’autorise pas à rejeter a priori l’information.
3 - A.D. Gers, 3 E 2666 (6 déc. 1654).
4 - Actes passés par Vital Brocque, fils du fermier de la seigneurie, demeurant
« au chasteau du Grand Tausia », 19 janvier et 26 mai 1652 (A.D. Gers, 3 E 2666). Ph. Lauzun cite un contrat passé le 4 janv. 1671 par Pierre Cazanave, juge d’Ambres, « à présent habitant au château du Tauzia » (Philippe Lauzun, Châteaux gascons..., Revue de Gascogne, T.XXXIII, 1892, p.313-326, 553-567, T.XXXIV, 1893, p.22-37, 53-61). 5 - A.D. Gers, 3 P 54.
       Le Tauzia correspond parfaitement à la définition des châteaux gascons, qui « se réduisent à un corps de logis, sur plan rectangulaire, flanqué d’une, ou plus souvent, de deux tourelles ».
  La tour-porte du Tauzia
possède quatre étages. Au-dessus du porche s’aligne sur un axe vertical une succession d’ouvertures, couronnée par une bretèche. De bas en haut :
deux archères superposées en croix pattée, une fente de jour, qui a probablement remplacé une troisième archère, et une petite fenêtre à remplage au dernier étage. Les dispositifs défensifs du château – assommoir, mâchicoulis, archères – étaient cantonnés à
la tour-porte et à la tourelle.
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