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  ©Archives départementales du Gers
Face au coup d’État du 2 décembre 1851 : Maignaut et ses voisines Saint-Orens, Saint-Puy et Valence...
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napo- léon 1er , Président de la République exécute un coup d’État et s’empare du pouvoir. Plusieurs communes du Gers se lèvent pour défendre la République.
Le 4 décembre 1851, l’insurrection est écrasée, vient le temps de la répression et de la délation. Lors de la séance du 23 août 1852, le Préfet déclare : « au sein de ce département si renommé par le bon vouloir des habitants à l’égard de l’Autorité...l’insurrection a mis en mouvement plus de 12.000 hommes ». La répression est impitoyable. 915 mandats d’arrêts furent délivrés, 459 Gersois, condamnés à la déportation en Algérie, 4 furent traduits en Conseil de guerre, 2 à l’exil..
Les maires sont sommés de faire un rapport sur les faits survenus dans leur commune et de dénoncer les séditieux.
Le 23 décembre 1851, le maire de la commune de Maignaut, 406 habitants, Jean Ladouch, propriétaire du domaine de Labonne, écrit fièrement au juge de paix du Canton :
Monsieur le juge de paix
Je m’empresse de répondre à votre lettre datée du 20 du pré- sent mois ; vous aurez autant qu’il me sera possible une exacte solution aux questions que vous avez l’honneur de m’adresser. D’après mon devoir et ma conscience je dois les résoudre ainsi ; Pendant ces jours de trouble qui viennent de s’écouler, les gens de Maignaut sans exception méritent d’être loués sous le rap- port de leur conduite. Aucun d’eux n’a été partisan de ces socié- tés qui ont tenté de troubler l’ordre et qui aujourd’hui font le malheur de bien des personnes. Tous ont gardé le silence le plus parfait. Personne ne s’est livré à aucune démarche. J’en suis heu- reux et j’en félicite des habitants de ma commune. Il est à croire que M. le Procureur de la république sera satisfait des courts détails que je vous donne et qui ne sont que la pure vérité. Recevez, je vous prie, monsieur le juge de paix, l’expression de mon sincère dévouement.
Le maire Ladouch.
Si Maignaut, et Saint-Orens-Pouy-Petit dans une moindre mesure, font partie des communes qui soutiennent le parti de l’ordre. D’autres comme, Vic, Castéra, Jegun, Lavardens, Bezolles et Gon- drin seront au contraire au premier rang de la résistance.
Revenons sur les faits.
Le coup d’Etat et les provinces
Le 10 décembre 1848, sous fond de troubles sociaux, Louis-Napo- léon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, est élu Président de la Répu- blique pour un mandat unique de 4 ans. Il aurait pu se contenter de
s’exclamer : « Ne pas pouvoir être réélu est une funeste connerie » et s’en tenir là. Il préfère faire exécuter un Coup d’État (le 2 décembre 1851) afin de conserver le pouvoir.
Paris bouge très peu, le peuple ouvrier est encore sous le coup des journées de juin 1848. La Bretagne, la Normandie, le nord de la France soutiennent le coup d’État. En revanche, le midi de la France et une partie du sud-ouest descendent dans la rue pour défendre la République.
La résistance au coup d’État dans le Gers
Durant la première semaine de décembre 1851, les populations rurales du Gers, du moins une partie d’entre elles, que l’on imagine
Sources : Archives départementales du Gers
J. Dagnan, Le Gers sous la Seconde République, 2 volumes, Auch, 1928. Francis Démier, Le coup d’Etat du 2 décembre 1851, Paris, 2023.
L’auteur : François-Xavier Merrien, sociologue et historien, est établi à Maignaut-Tauzia depuis 2017. Membre de la Société archéologique et historique du Gers. Il vient de publier : « L’eau et la ville. Rennes, une histoire » dans la collection Beaux livres et Histoire aux Presses Univer- sitaires de Rennes.
2 Lettre de Maignaut Passion - N°25 Janvier 2024














































































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