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 Porte médiévale A la recherche de Maignaut-Tauzia
par Philippe de Saint-Wandrille
Dans un article précédent,
blés à tenons et mortaises chevil-
chevauchaient, comme au château
Ferrures
assurant la rotation
nous vous avions présenté les
lées, mais certains à mi-bois et
fort de Salse (Roussillon – fin
Les systèmes de rotation de ven- XVe siècle) ou au donjon de
ventaux dits « traversés » ;
« queue d’aronde(1) », d’autres à
Bassoues – XIVe siècle – Gers
enfourchement ; les diversités sont
nous allons maintenant
taux de portes charretières sont nombreuses et ne semblent pas se
décrire un autre type de
tellement nombreux que nous ne (accès primitif au premier niveau),
menuiserie qui aurait pu être
traiterons que le cas particulier de la ou disposées en larges écailles
cantonner à certaines régions.
comme à l’église fortifiée de
Ce genre de menuiserie, peu
utilisé pour fermer la porte
porte nord de Maignaut.
sensible aux déformations, fut
de Maignaut.
Il s’agit de l’exemple classique le Malaucène (XIVe
siècle Vaucluse).
plus commun : chaque ventail
    Parement des ventaux d’origine de la porte charretière du châteaudeBoisThibault(Mayenne-XIVe siècle).Belexemplede menuiserie à couverture de planches sur bâtis d’assemblage, agrémenté ici d’un « décor rapporté » de pièces moulurées, formant couvre-joint (le guichet pour piétons est postérieur).
Contre parement des ventaux du château de Bois Thibault. L’absence de montants de battement est une variante. Les traverses sont assemblées en rives par enfourchement – grandes décharges en croix de St-André (les ferrures ne sont pas d’origine).
 Les « ventaux
à couverture de planches sur bâtis d’assemblage » Très répandus aux XIVe et XVe siècles, nous les retrouvons surtout dans des bâtiments importants ; de fabrication plus complexe, leur coût devait être bien supérieur à celui des ventaux « traversés ». Des planches, larges et épaisses, étaient fixées verticalement sur un bâtis d’assemblage de fortes sections, généralement constitué de deux montants et de traverses, basse, haute et intermédiaires.
D’autres pièces diagonales for- maient décharges et évitaient les affaissements; elles pouvaient être en « croix de Saint André », ou obliques entre les montants et les traverses. Ces bâtis étaient assem-
fabriqué sur les mêmes principes jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Les planches verticales qui recou- vraient le bâtis étaient clouées ou chevillées en « queue de renard(2) », et jointes de la même façon que dans le cas des ventaux « traversés ».
Ces huis battaient directement contre la maçonnerie, et en partie médiane par feuillures contrariées ou sur une pièce de bois rapportée en parement. Un bel exemple de ce type de menuiserie subsiste dans le Gers, au château de Pujos (XVe siècle).
Les ventaux traversés ou à bâtis d’assemblage pouvaient être « bardés » en parement par des platines de fer battu, qui formaient « blindage ». Ces tôles étaient clouées sur la menuiserie ; en longues bandes horizontales qui se
s’articulait au moyen de pentures sur gonds (deux par ventail d’après les traces subsistantes). Au XIII et XIVe siècles, les gonds de fer étaient monobloc ; leur mise en place s’effectuait pendant l’éléva- tion du bâtiment, au niveau d’un lit, afin que le corps du gond vienne Photos : Philippe de Saint-Wandrille s’encastrer dans une entaille très précise, ménagée dans la pierre. Le « mamelon » (partie cylindrique) se trouvait très près de la maçonnerie pour éviter le porte-à-faux ; un dégagement en creux, ménagé à
son arrière, permettait la parfaite rotation du « nœud » de la penture. (une trace subsiste très nettement à Maignaut)
Les « Pentures » : vient du latin « pendere » (pendre, suspendre)
Ce sont de longues branches de fer « corroyées(3) » à chaud, percée « d’étampures(4) », dont l’une des extrémités est roulée en nœud pour recevoir le mamelon d’un gond; elles sont fixées sur la menuiserie au moyen de clous ou de broches, et souvent maintenues à leurs extrémités par des brides, ou des crampons de fer. Ces pentures avaient aussi un rôle de maintien et de renfort ; leur longueur corres- pondait sensiblement au 4/5e de la largeur du ventail. Dans certains cas, elles pouvaient faire l’objet d’une ornementation particulière (fleurons, cannelures, volutes, etc.).
Elles étaient généralement disposées en contreparement, et au niveau d’une traverse dans le cas d’un bâtis d’assemblage ; ceci pour la forme la plus simple. Une autre façon, que nous avons souvent constatée, consistait à enserrer les pentures entre les bois de la menuiserie ; ce qui permettait d’augmenter l’épaisseur des ventaux, sans gêner leur débattement dans le passage d’entrée. Cette technique nécessitait un travail sur place, en plusieurs étapes, car il fallait :
 Eglise Abbatiale de Conques (Aveyron - XIIe siècle). Détail de la sculpture du tympan représentant un ventail ouvert, ferré de deux pentures à cannelures et volutes et d’un verrou à moraillon associé à une serrure à « bosse ».





















































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