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     Bertrand Boquien est historien, originaire d’Ancenis, il a notam- ment publié une bio- graphie du fondateur du premier groupe
coopératif agricole français, achève une histoire industrielle du groupe Eram (le chausseur) et s’est fait connaître dans le Gers par un livre/- inventaire des portes fortifiées.
Nous lui avons confié la coordination de la rédaction du livre sur Maignaut.
A la recherche d’une tuilerie oubliée
En consultant les archives familiales que Monsieur et Madame Ladouch ont aimablement prêtées à Maignaut
Passion, j’ai eu l’attention attirée par un reçu de 1825, signé par un certain « Antoine Lalanne, tuilier, habitant à la tuilerie de Sarran ». Je connaissais l’existence de la tuilerie de Sarran : elle figure sur le premier plan cadastral de la commune. Mais je n’avais aucun autre renseignement à son sujet.
Plusieurs générations de tuiliers
Au début du XIXe siècle, il existait de nombreuses petites tuileries, dispersées sur le territoire du département du Gers. Ces tuileries fabriquaient en fait des tuiles et des briques. On les appellerait aujourd’hui des briqueteries. C’est ce que montre par exemple la demande d’ autorisation du sieur Jean Deneits, pour construire une tuilerie à Marsan, près d’Auch, en 1825 : il compte « y faire
cuire des briques, de la thuille dite de
1 canal et de la poterie » .
Une recherche dans les registres d’état- civil de Maignaut et aux Archives dépar- tementales du Gers, à Auch, m’a apporté de nouvelles informations sur cette tuilerie de Sarran, à travers les actes de naissance, de mariage ou de décès de la famille d’ Antoine Lalanne. La famille a compté plusieurs générations de tuiliers, à Maignaut, puis à Valence.
Le premier connu pour l’instant est Jean-Baptiste. Né vers 1760, il est tuilier à Sarran, au moment de son décès le 12 mars 1822. On peut supposer qu’il était déjà installé là vers 1805, car l’acte de mariage de sa fille Françoise, en 1825, indique qu’elle est « née à la tuilerie de Sarran » et sa naissance doit remonter à une vingtaine d’années. Les fils de Jean-Baptiste figurent tous deux comme « tuilier à Sarran » sur les actes d’état-civil des
années 1820. C’est le cas pour Joseph, lorsqu’il se marie, quelques mois après la mort de son père, auquel il a sans doute succédé. L’autre fils, Antoine, est attesté comme tuilier de 1825 à 1831. Il quitte ensuite Maignaut : des actes le signalent comme « roulier à V alence (1845), puis comme tuilier à la tuilerie de « Hount délas », toujours à Valence (1845). Un autre Lalanne, Jean, proba- blement fils d’ A ntoine2, est attesté comme tuilier à Valence en 1868 et 1877. En 1877 (mais peut-être déjà en 1868), il travaille à la tuilerie de « Fondélas », nom qui est à l’évidence le même que « Hount délas »3.
Une recherche à poursuivre
On peut conclure de ces nouvelles données que la tuilerie de Sarran existait au moins depuis les années 1800 et qu’elle était toujours en activité en 1831. Pendant toute cette période, elle fut exploitée par la famille Lalanne. Antoine, un des fils quitta ensuite Maignaut pour le bourg tout proche de Valence. Il y exploita la tuilerie de Fondélas, où lui succéda vraisembla- blement son fils. Que devint la tuilerie de Maignaut ? Jusqu’à quand continua-t- elle son activité ? Que produisait-elle ? Où vendait-elle ses fabrications ? La poursuite des recherches dans les archives permettra peut-être de compléter son histoire. Mais peut-être avez-vous vous-même entendu parler de cette tuilerie, peut-être possédez- vous des documents à son sujet. Faites le nous savoir. Bertrand Boquien
Sources : Archives de la famille Ladouch, Plan cadastral de la commune de Maignaut, Arch. départ. du Gers, 5 E 26263 (état-civil), M 81.
1. A.D. Gers, M 81.
2. Jean est neveu de Jean Ladouch et Antoine avait épousé Marie Ladouch.
3. « Hount » désigne en gascon la fontaine. le mot devient « font » en languedocien.
 Le trousseau d’une jeune mariée (1825)
Le lendemain de son mariage avec Marie Ladouch, Antoine Lalanne, tuilier à Sarran, remet à son beau-père Jean Ladouch, un reçu pour « le linge et les effets » donnés par lui à sa fille.
Le lundi vingt cinq avril mil huit cent vingt cinq, je Antoine Lalanne, tuilier, habitant à la tuilerie de Sarran commune de Maignaut, soussigné, reconnais et déclare
avoir reçu du sieur Jean Ladouch mon Beaupère demeurant au dit Maignaut le linge et les effets détaillés ci après qu’il a donné à Marie Ladouch sa fille ma femme, tous lesquels linge et effets appartenants présentement à sa ditte fille, je promets et m’oblige de remettre à ses héritiers dans le cas qu’elle décède avant moi, comme aussi dans le cas que je décède avant elle, qu’elle puisse les reprendre et en utiliser comme d’objets à elle propres sans que personnes ait aucun droit de la troubler à cet égard, sçavoir :
Ie. Six coiffes ; 2e. neuf mouchoirs
dont quatre d’indienne, deux de
coton, et trois de mousseline ; 3e. douze mouchoirs de toile dont huit neufs et quatre usés ; 4e. quinze chemises dont six neuves et neuf usées ; 5e. quatre jupes de bot ; 6e. deux jupes de toile ; 7e. sept jupes de laine dont quatre neuves et trois usées ; 8e deux gilets de laine ; 9e. cinq gilets d’indienne ; 10e. sept jupes de cotonille neuves ; 11e. cinq tabliers de cotonille neufs. ; 12e. onze paires de bas ; et ai signé à Maignaut les jour mois et an que dessus.
    Association Maignaut Passion
Au village - 32310 Maignaut-Tauzia - Téléphone 06 81 47 23 48 - E-mail : hello@maignaut.com - Internet : maignaut.com Composition du bureau - président : Serge Belliard, secrétaire : Jean Salaün, trésorier : Laurent Boyer Cotisation de membre de l’association : 15 Euros pour l’année 2006
   






































































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