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  ia au XVIIIe siècle
Par Bertrand Boquien
Une mortalité infantile
impressionnante
La mortalité infantile est impressionnante. Sur environ 270 décès relevés dans les registres de sépultures, 120 (45 %) concernent des enfants âgés au maximum de 5 ans « ou environ » selon l’expression en usage. Et 47 d’entre eux sont morts sans avoir dépassé un an « ou environ ». Combien d’actes de baptêmes sont suivis immédiatement de la mention de la sépulture du baptisé, porté en terre quelques jours après sa naissance1 ! Souvent, un nouvel enfant remplace l’enfant mort dès l’année suivante. Cette mortalité revêt dans certaines familles des proportions dramatiques. Prenons Jeanne Peyrecave. Veuve de Jeannet Aché (nous ignorons si elle en a des enfants), elle épouse le 14 juillet 1700 Jean Florensan, du Mas-Fimarcon (aujourd’hui Le Mas d’Auvignon). Jean vient vivre à Maignaut, au village. Une fille, Marie, naît quelques mois plus tard. Elle meurt à 4 mois. Un fils, Guillaume naît le 23 janvier 1702, 9 mois après la mort de sa sœur. Il meurt à son tour, à 4 mois et demi. Un autre fils, Jean, naît le 20 mars 1703. Il meurt à 18 mois le 10 septembre 1704. Entre temps, Jeanne Peyrecave est
Le bassin
de Notre-Dame d’Auloue
Les actes de baptême révèlent l’existence à Maignaut et Auloue d’une confrérie consacrée à Notre- Dame d’ Auloue. Voici Marie
Cailleau, née le 15 septembre 1723, baptisée le lendemain. Son acte de baptême indique qu’elle « a esté offerte au bassin de Notre Dame et tenue aux fons baptismaux par Marie Capuron prieure du dit bassin ». De nombreux actes indiquent que le nouveau-né a été ainsi « offert au bassin de Notre- Dame ». Le terme « bassin » désigne à l’origine le récipient dans lequel les confréries et autres associations pieuses récoltaient les aumônes, au profit de leurs œuvres spirituelles ou de leurs œuvres de charité. Par extension, il a fini par désigner l’association elle-même. L’objet de cette confrérie était sans doute la dévotion à la Vierge, à laquelle était vouée l’église d’Auloue. Elle avait à sa tête une « prieure », titre honorifique. Les enfants voués au bassin de Notre-Dame sont tenus sur les fonds baptismaux par une « marguillière », ou par la « prieure », plus rarement par un « marguillier ». Les termes de « marguillière » et « marguillier » ne désignent pas ici les marguilliers de la paroisse, qui ont la charge de son administration et de l’entretien
de l’église, mais les membres de la confrérie, qui semble être une association surtout féminine.
      Traces de la charpente de l'ancienne église
de Maignaut sur le mur du château.
©Boquien
morte le 27 juin, à 45 ans, et Jean Florensan s’est remarié dès le mois d’août, avec Jeanne Lapeyre. Un fils, Alexis, naît le 21 novembre de l’année suivante de ce second mariage. Il ne vit que huit jours. « Le susd(it) Allexis Floren- san décéda le 29 9bre » note le curé juste après l’acte de baptême. Les 4 enfants de Jean Florensan sont donc tous morts avant 18 mois. La collection des registres s’interrompant après 1707, on ignore s’ il y eut d’ autres enfants et s’ils vécurent.
Des morts inhabituelles
La cause de la mort est rarement indiquée. Le curé la mentionne lorsqu’ elle revêt un caractère exceptionnel, et particulièrement si la mort est survenue sans qu’il soit possible d’ administrer les sacrements. C’ est le cas avec Jean Vivès, de Labère, « décédé subitement » le 30 août 1747 à 75 ans. Ou avec Bernade Druillet, du Canonge, dans la paroisse d’ Auloue, morte le 7 septembre 1699, « estant [sujete du]2 mal caduc » et « ensevelie le 8 au cimetière d’Auloue ». Le
« mal caduc », appelé aussi le « haut
mal »,
c’est l’épilepsie.
Le curé Druillet s’étend aussi lon- guement sur la mort accidentelle survenue en août 1724 d’ un jeune homme « estranger du diocèse de Tarbes àgé de vint ans ou environ, (...) bon catholique » qui se tua d’un coup porté à la cuisse avec son arme. Arme blanche ? Pistolet ? Les lacunes de l’acte ne permettent pas de le dire3. Il y eut une enquête (« verbal et information »), avant l’ inhumation au cimetière d’ Auloue le 8 août, « l’ accident funeste étant arrivé à
Couilleu en la d(ite) parroisse ».
Nés de père inconnu
Les registres signalent très peu de naissances illégitimes. Deux seulement ont été retrouvées sur plus de 300 actes de baptême dépouillés. Le 9 octobre 1743, le curé baptise à Maignaut Clere (Claire) Bajole « fille illégitime à Marie Bajole, le père n’étant pas connu ». La petite fille est tenue sur les fonds baptismaux par Clere Canterac, femme de Louis Bonel, le cordonnier du village. Le 16 mai 1778, le curé baptise sous condition « une fille envoyée de Condom dont le père et la mère sont inconnus, à laquelle nous avons donné le prénom de Marie ». « La susdite enfant, ajoute le curé, m’a paru âgée de six à sept jours ». La marraine se nomme Guillemette, « épouse du nommé Brin ». La petite fille a sans doute été confiée à ce couple, qui habite Maignaut, mais sur lequel nous n’avons aucune indication. On peut imaginer une grossesse scandaleuse, et un enfant discrètement abandonnée à une
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©Fotolia
 L'église (aujourd'hui chapelle) Notre-Dame d'Auloue.
famille de la campagne. La petite inconnue mourra à trois ans er demi. Les registres indiquent à la date du 1er octobre 1781 la sépulture de cette Marie, « fille bâtarde (...) décédée chez la dénom- mée Brin ». On ne sait rien non plus de cet enfant baptisé à Maignaut le 29 juillet 1741, « dont le père et la mère sont incon- nus, auquel on a donné le nom de Jean ».
©Boquien
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