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En tout cas, le conseil municipal défend vi- goureusement son instituteur, à la conduite « digne d’éloge », qui a su gagner « l’affection des enfants » et qui « mérite l’estime des ha- bitants ». Il dément les allégations des auteurs de la pétition : l’instituteur s’est toujours tenu à l’écart des rivalités locales, n’a jamais vendu de vin, n’est pour rien dans la démission du maire, et n’a jamais joué au baccara... Le
conseil met en avant sa légitimité issue de l’élection au suffrage universel face à ceux qui « ont voulu... troubler la bonne harmonie qui règne entre les habitants, et paralyser les bons rapports qui existent entre l’autorité commu- nale, l’instituteur et l’administration supé- rieure ». Il termine par une protestation de dévouement au gouvernement impérial.
 Les élections municipales de 1892 aboutissent à une situation confuse. Le nouveau conseil n’a pas de majorité. Il devra se réunir trois fois avant de parvenir à élire un maire. A la première séance, le 15 mai, le vote donne 5 voix au maire sortant Dubouch, et 5 à Bazile Desbarats, l’ancien maire, républicain. Un second tour oppose Dubouch à Alexandre Mouchet : 5 voix contre 5. Le troisième tour ayant donné le même résultat, Alexandre Mouchet est proclamé maire au bénéfice de l’âge. Mais cette élection sera sans doute considérée comme nulle, puisque le procès-verbal est
rayé, sans explication. Les conseillers se réunissent à nouveau le 29 mai. Les deux
camps restent sur leurs positions : les
deux tours de scrutin aboutissent, comme
le premier tour du 15 mai, à une égalité
parfaite entre Dubouch et Desbarats. Le troisième tour oppose à nouveau Du-
bouch et Mouchet et aboutit de nouveau
à une égalité de suffrages. Alexandre Mouchet, proclamé maire uneseconde
fois au bénéfice de l’âge, refuse formelle-
ment la fonction. Il faut donc recom-
mencer l’élection, mais 5 conseillers s’y opposent. Le conseil n’a plus qu’à se reti-
rer. Jean Dubouch refuse de signer le pro- cès-verbal. On peut imaginer dans quel
climat s’est déroulée la séance ! Lorsque le
conseil se réunit de nouveau, le 7 juin, un des deux camps a jeté l’éponge : 3 conseillers, le maire sor- tant Dubouch, l’ancien maire Sylvain Bajolle et le
maire manqué Alexandre Mouchet sont absents. Bazile Desbarats, cette fois, est élu maire, à l’una- nimité des 7 membres présents. Il nous manque beaucoup de clés pour comprendre les ressorts de cette petite crise et nous ignorons aussi pourquoi deux membres du camp adverse se sont finalement ralliés (de guerre lasse ?) à Desbarats. Il reste qu’un climat de forte tension entre les deux camps, conservateur et républicain, transparaît à la lecture des procès-verbaux d’élection, pourtant sèchement administratifs.
1892 : trois séances pour élire un maire
 14 ● MAIGNAUT PASSION Info ● N°35
Acquise en 1842, la maison Dieuzayde abrite la mairie pendant un siècle et demi,
ainsi que l’école et le logement de l’instituteur .














































































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