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La terre de Maignaut en 1720
Un apport précieux à l’histoire locale
La carte de la seigneurie de Maignaut appartient à un livre des « CARTES ET ARPEN- TAGES DU MARQUISAT DE GONDRIN », datée de 1720 et conservé aux archives du Service Historique de la Défense à Vincennes. Au bas de la page de titre apparaît le nom de « Chaufourier ». Une rapide recherche sur Internet (site de la BNF) permet de le rapprocher de celui de Jean Chaufourier (1679-1757), « peintre, graveur, dessinateur et paysagiste », qui « collabora avec Le Nôtre et dessina les plans des jardins de Versailles ».
Cette carte est à rappro-
cher d’un plan conservé aux
Archives départementales des
Yvelines, mentionné dans un
article de Stéphane Abadie1 .
Cet historien a fait connaître
aux Gersois les plans de l’in-
génieur-géographe Hippolyte
Matis, « arpenteur du roy ».
En 1716, ce Matis fut envoyé
dans les Pyrénées par le duc
d’Antin, directeur général des
Bâtiments du roi depuis 1708.
Sa mission était de
« cartographier les routes
d’approvisionnement des
marbres nécessaires aux
constructions royales »,
explique Stéphane Abadie.
Le duc profita de cette expédition pour charger Hippolyte Matis de lever des plans de ses terres de Guyenne et de Gascogne. Parmi les multiples domaines dont il était propriétaire figurait la seigneurie de Maignaut. C’est ainsi que fut dressé le plan de Maignaut. En fait, une minute, sorte de brouillon, destiné à être complété et mis au net.
La carte de la seigneurie de Maignaut est cer- tainement la mise au net de ce relevé. Les dates concordent et bon nombre d’éléments de la minute s’y retrouvent. Mais la surface représentée est plus vaste, ce qui indique que d’autres feuilles, perdues ou non repérées, devaient compléter
le brouillon conservé. Sur la carte, le terroir de Maignaut, dont les limites sont marquées en rose, jouxte les seigneuries du Grand et du Petit Tauzia, de Pouy-Petit et de Saint-Puy, et le territoire de Valence. Le relief est indiqué par un estompage, les cours d’eau (« Loloue » et la « Gelle ») sont figurés en bleu. La trame des chemins, les terres en vigne, les bois sont cartographiés. On voit que les bois de Maignaut sont partagés en un grand nombre de propriétaires. Seule une petite partie appartient à la Communauté des habitants. Les
bâtiments sont représentés en vue cavalière. On retrouve le château du Grand Tau-
zia, l’église de Bertin, au Petit-Tauzia, la « Salle de Menique » (en réalité « de Meric », aujourd’hui Lassalle où existait une petite mai- son-forte, ou salle), les ruines de l’église de Saint-Maurice, et toutes les habitations dis- séminées dans la campagne. Ces petites figures n’ont rien de réaliste. Seul le village
de Maignaut est représenté en plan, avec son enclos et ses fossés. On y reconnaît la porte fortifiée nord, et la porte sud (disparue), au tracé
plus imprécis, On retrouve l’église et le château, auquel elle est adossée. Une porte sépare la cour du château du reste du village.
Une partie de cette cour et l’emplacement de l’église sont aujourd’hui occupés par le cimetière. Un calvaire est figuré au nord-est du village.
Mais le cartographe a surtout voulu distinguer les biens appartenant en propre au seigneur de Maignaut et qui forment « le domaine » de la seigneurie. Il s’agit du château et de ses dépen- dances, des métairies du Pouy, de Herret et de Saint-Maurice et du moulin de Maignaut sur l’Auloue. Les parcelles sont figurées en jaune et portent un numéro qui renvoie à la page de gauche, où, à côté de la carte, chaque parcelle est décrite avec sa contenance.
Cette note ne présente qu’une approche sommaire de cette carte de Maignaut, Elle mériterait une étude plus approfondie, en la rapprochant
du plan d’Hippolyte Matis ainsi que du livre-terrier de 1729, réalisé, comme le plan de Matis et la carte de Chaufourier, pour le compte du duc d’Antin.
Bertrand Boquien
e
Laseigne aux Archives départementales des Yvelines, Bull. Soc. Archéol. et Hist. du Gers, n° 397, 2010, p. 367-389. Jean-Louis Bonneval s’est rendu Saint-Quentin-en-Yvelines afin de faire reproduire le plan de Maignaut pour l’association.
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Un fonds cartographique méconnu sur l’Aquitaine et la Gascogne : les plans d’Hippolyte Matis dans le fonds