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 Porte médiévale A la recherche de Maignaut-Tauzia
par Philippe de Saint-Wandrille
Les piétons disposaient parfois
droits rebâtie et le seuil a disparu d’un portillon, ménagé en guichet
lors du décaissement de la dans l’un des ventaux, ou dans leur
chaussée.
Philippe de Saint-Wandrille et son épouse restaurent, la
partie médiane. En général, ces
Les ventaux de portes d’enceintes tour d’Homps au Nord de Mauvezin (Gers), vestige d’un
portes piétonnes sont de petites
urbaines ont pratiquement tous château médiéval, classé monument historique.
dimensions, et assurées à l’arrière
disparu; nous n’en connaissons Artisan en menuiserie, Philippe de Saint-Wandrille nous a
par de grands verrous à moraillon
qu’un rare exemple à Scherwiller séduit par son érudition, ses qualités artistiques et sa
et serrures.
(Bas-Rhin). Pour analyser ce type rigueur dans la conduite des restaurations.
La porte nord, subsistant à
de menuiserie médiévale, il faut se Maignaut Passion le remercie avec chaleur, pour la
Maignaut, ne présente pas une
reporter à des ouvrages restés en rédaction de cet article et l’intérêt porté à notre village.
grande complexité ; c’est un
place. Nous les retrouvons plus schéma classique de la tour porte
facilement dans un grand nombre sans flanquements, sa défense
d’édifices religieux, mais aussi Les problèmes politiques
XXe siècles portera un coup radical
devait être assurée, en partie
dans certaines architectures régionaux des XIIIe et XIVe siècles
à ces vestiges.
supérieure, par une bretèche ou un
castrales et militaires ; l’icono- incitent les seigneurs et les
Aujourd’hui, nous assistons à un
hourd de bois. Ici, pas de pont-
graphie est assez riche mais reste villageois gascons à se protéger, ce
regain d’intérêt pour la sauvegarde
levis, ni de herse ; seule une paire
délicate à interpréter.
qui donnera naissance à un grand
de ces constructions ancestrales ;
de solides ventaux fermaient ce
Il y a de fortes « présomptions » nombre de petits châteaux et de
passage.
saluons ainsi la réunification de la
pour que la porte de Maignaut ait bourgs fortifiés. Les seigneurs des
L’analyse des éléments restés en
seule porte subsistant à Maignaut.
été édifiée à la fin du XIIIe ou dans lieux encouragent les populations
place ne nous permet pas de définir
L’enceinte du bourg comportait
la première moitié du XIVe ; à à se regrouper en communautés et
de façon précise le type de
deux portes, qui bien entendu
cette époque, nous retrouvons une octroient des « libertés », régies
menuiserie qui a pu être utilisée.
étaient fermées par des ventaux de
constante dans la fabrication des par des Chartes de Coutumes ;
Les aléas du temps, et des rema-
bois. En périodes troubles, ces huis
menuiseries de clôture de portes ainsi se constituent les « Castel-
niements, ont fait disparaître les
étaient constamment surveillés
charretières.
naux ».
gonds métalliques ; il en reste des
par une « garde » villageoise, orga-
A la suite des « guerres de reli-
traces à deux endroits ; la gaine de
nisée par les consuls. A chaque pas-
Les ventaux à double
gions », de nombreuses enceintes
la barre de fermeture est encore
sage de charrois, de cavaliers ou de
épaisseur de planches,
de défense sont en mauvais état ; un
bien visible, mais bouchée par du
troupeaux, les ventaux s’ouvraient
dits « traversés »
édit royal en ordonnera même le
mortier ; à l’opposé, la gâche,
et quelques secondes suffisaient à
Très répandus au Moyen Age, ils démantèlement.
profonde de 7 cm, est bien mar-
deux hommes pour les refermer
présentaient toutes les garanties Le « modernisme » des XIXe
quée ; la partie inférieure des pieds
et
rapidement et tirer la barre.
d’une « porte forte », nous les
  2. Contre-parement des ventaux du château du Moulin ; les clous traversant les deux épaisseurs de planches ont des pointes bifides très longues et rabattues. Les ferrures assurant la rotation sont à pentures en haut et à pivot sur crapaudine en bas.
  1. Parement des ventaux d’origine de la porte charretière du château du Moulin (Loir & Cher – XVe siècle). On distingue nettement la pièce de battement rapportée au centre, et la petite porte piétonne ouverte en guichet dans l’un des ventaux. (en bas, la pièce de bois horizontale et la petite serrure du portillon ne sont pas d’origine).
   Photos : Philippe de Saint-Wandrille
remarquons dans toute la France pour clore des portes extérieures ou intérieures de bâtiments civils, militaires ou religieux. Il s’agissait certainement de l’expression la plus simple et la plus économique ; de fortes planches verticales, épaisses et larges, étaient doublées en parement(1), ou en contre-pare- ment(2), par d’autres, fixées hori- zontalement. Ces ais(3) étaient solidement mariés par des clous qui les traversaient et dont les pointes étaient rabattues en contre-pare- ment. Les ventaux « battaient » directement contre la feuillure de maçonnerie et la face interne de l’arc de couvrement (les bâtis « dor- mants(4) » n’étaient pas employés). Ce type de menuiserie présente pourtant un grand nombre de diversités, notamment dans la façon de joindre les planches entre elles : les cas les plus courants sont à joints vifs, avec ou sans tourillons, à feuillures à mi-bois et tourillons, à joints vifs et faux tenons chevillés. En général, seules les planches verticales
 






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