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propriétaire pourra faire abaisser la bâtisse s’il le juge à propos. L’opération aurait sans doute consisté à écrêter les tours et peut-être à supprimer un étage. Elle permettait de réutiliser le château avec des frais d’entretien beaucoup plus réduits. On en a un exem- ple au château de Maignaut. S’il le préférait, le nou- veau propriétaire était autorisé à démolir entièrement la bâtisse4. Heureusement pour l’archéologie, le châ- teau ne fut ni abaissé ni démoli. Il a gardé sa silhouette, à défaut de ses toitures.
L’acte de vente confirme que le château n’était pas comme aujourd’hui un bloc isolé dans un champ. Il était entouré d’un mur de clôture, alors en mauvais état, qui enfermait une cour. Dans cette cour se dres- sait une grange, à demi effondrée en 1715. L’acte mentionne par ailleurs la métairie du château et ses écuries. On ne sait pas si ces bâtiments étaient eux aussi enfermés dans la cour, ou situés à quelque dis- tance du château, comme ils le sont sur le plan cadastral de 1816.
Le prix de la seigneurie du Tauzia est de 13 000 livres. La somme est « payée comptée nombrée et délivrée en louis d’or, escus, demy escus et monnoie » à Jean Marignac, procureur du marquis d’Ambres, « à la veue de moy not(air)e et tesmoins ». Telle que la
décrit l’acte de vente, la seigneurie du Grand Tauzia consiste dans l’exercice de la justice « haute, moyene, et basse », la perception du cens sur les terres situées dans la seigneurie, et de divers droits et seigneuriaux. Le domaine appartenant en propre au seigneur (ce que les historiens appellent « la réserve seigneu- riale ») comprend le château du Tauzia et sa métai- rie, avec « trois bœufs, deux vaches et une petite jumant », le cabaret de Surleigne, près de la route de Valence à Condom, le moulin à eau du Tauzia sur l’Auloue, ainsi que des « preds, bois, garenes, terres cultes et incultes avec leurs contenances apparte- nances et dépendences ». François de Lafourcade du Pin, l’acquéreur, habite Condom. Les Lafourcade pos- sèdent déjà la métairie du Pléchat. En achetant la seigneurie, François de Lafourcade réunit le Pléchat au domaine du Tauzia, auquel elle appartenait autrefois. Elle en avait été séparée lorsque Jean de Marestaing l’avait vendue en 1597 au sieur Dudrot, de Condom, un ancêtre de François.
Mais l’acte de vente de 1715 présente encore un autre intérêt : il indique que les terres et les bois du domaine du Grand Tauzia portent toujours, 6 ans après, la marque des ravages du grand hiver de 1709. On y reviendra dans un prochain numéro. ■
   1715 - Un château au bord de la ruine
Le 19 février 1715, le marquis d’Ambres, représenté par Jean Marignac, « advocat en Parlement », habitant de Valence, cède au « sieur Dupin » la « terre et seigneurie noble du Grand Tausia », avec son château :
« ... le dit château estant inhabitable, sans aucune porte de bois ny planchers ; toutes les portes cassées et soustenues par des pilloti[s] de bois ny ayant aucune croissée de bois la charpante entièrement pourrie et tombée du cotté du midy, les murailles crevassées du haut en bas en plusieurs endroits l’escallier impraticable, la charpante de la grange qui estoit en la cour entièrement tombée ny ayant que la place et les meurs qui sont partie tombés partie crevassés jusqu’au fondement [au..] bien que ceux qui font la cloiture de la cour (...) Lequel château il sera permis au d(it) sieur du Pin de faire abbaisser à tel point qu’il jugera à propos mesmes le démolir si bon luy semble... ».
N°37 ● MAIGNAUT PASSION Info ● 9


























































































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