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Pas de nouveaux En 1733, les habitants de Maignaut refusent les nouveaux droits réclamés par le duc d’Antin
Yvette Lacanette a retrouvé au cours de ses recherches un acte notarié du XVIIIe siècle qui apporte un éclairage intéressant sur les rapports entre le seigneur et les habitants de Maignaut. Cet acte du 31 mai 1733 est établi par le notaire condomois Le Gras, qui s’est déplacé à Maignaut. Les habitants s’opposent aux nouveaux droits réclamés par le duc d’Antin, leur seigneur(1).
Celui-ci avait donné l’ordre à un officier royal de Gondrin de faire la proclamation du dénombre- ment des droits seigneuriaux qui lui étaient dûs sur sa terre de Maignaut. Cette réaffirmation de ses droits pouvait être pour un seigneur l’occasion de remettre en vigueur des redevances tombées en désuétude, ou même de tenter d’en imposer de nouvelles.
En tout cas, les habitants de Maignaut protestent. Ils acceptent de continuer à payer les redevances traditionnelles mais s’élèvent contre d’autres qu’ils considèrent comme de nouveaux droits. Les termes « nouveau et nouveauté » sous l’Ancien Régime ont une connotation négative, car ils sont synonymes de nouvelles charges et de nouvelles taxes. Leurs deux consuls en tête, les habitants affirment devant le notaire leur refus de payer les droits litigieux.
La contestation porte deux points. D’abord sur le moulin de Maignaut. Ce moulin à eau situé sur l’Auloue existe encore aujourd’hui. Le seigneur assure qu’il est banal. C’est-à-dire qu’il en a le monopole et que les habitants ont l’obligation d’y moudre leur grain moyennant une portion du blé amené. La contestation porte aussi sur les rede- vances réclamées par le seigneur sur le produit de leur exploitation. Ils refusent de payer des agriers (redevances consistant en une portion de la récolte) et de livrer une part de leur volaille. L’acte est rédigé en présence du porteur des ordres du duc. Celui-ci promet de lui transmettre la protestation.
Nous ignorons si les habitants eurent gain de cause. Cette volonté du duc d’Antin ou de ses agents de réaffirmer avec précision ses droits seigneuriaux peut être rappro- chée de l’initiative qu’il a prise de faire car- tographier ses terres quelques années plus tôt dans un souci de bonne gestion de ses terres(2). Bertrand Boquien
             Photos F. Bourgeat
 



























































































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