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 Renée Mussot- Goulard
est décédée le 12 mars dernier. Historienne
du Haut Moyen-âge
et de l’Antiquité tardive,
elle avait enseigné à la Sorbonne-Paris IV.
La grande affaire de sa vie scientifique fut l’histoire et la civilisation des Goths, ces popu- lations migrantes venues de l’Europe du nord et qui pénétrèrent l’Empire romain
rosissait de colère lorsque des faits étaient sollici- tés ou franchement tordus pour servir une cause étrangère à l’Histoire.
On lira ou relira avec bonheur (et l’on aimera l’écrivain qui s’épanouissait sous la plume de l’historienne) sa « Dame d’Eauze » : Renée Mus- sot-Goulard y déchiffre pas à pas, entre Antioche et Eauze l’histoire du couple fameux qui nous a légué le « Trésor d’Eauze ». Elle avait donné une plaquette sur Brigitte de Fourcès, « Princesse en Gascogne », liée à l’histoire d’une motte féodale devenue le village exceptionnel qu’on sait. Son récit des évènements pyrénéens du «Samedi 15 août 778 » à Roncevaux nous plonge dans la chaleur de ce jour comme dans un enchaînement de faits où tous les protagonistes ne jouent pas le
rôle que la légende ultérieure leur a assigné, des émirs de Saragosse, aux Francs du roi
Charles (le futur Charlemagne) en passant par les montagnards, les vrais-faux convertis, les goths et le cher Roland...
On aurait dit, ailleurs que dans son monde, (mais cela ne lui aurait pas déplu) que ses livres « décoiffent ». Son livre sur « Quitterie, sainte et gothe » fut une manière de prolonger son combat contre les idées sim- plistes sur « l’arianisme ».
De Charlemagne, elle avait donné un « Que sais-je ? » et avait célébré « Le baptême qui a fait la France » (Clovis). Elle bousculait les mythes et s’interro- geait par exemple sur celui des « occitans ». Autant dire que Renée Mussot-Goulard ne crai- gnait pas les brouilles avec les vrais ou faux pontifes. Sa carrière universitaire en a payé le prix, sa droiture et sa fierté, sa foi, en furent grandies.
Renée Mussot-Goulard avait dirigé des chantiers de fouilles archéologiques à Maignaut, à Condom et sur beaucoup de sites gascons. La cuisine du Moyen-âge renaissait avec elle et au terme d’un concert baroque dans sa chère Tour de Mothes, elle entraînait chacun dans une danse, un rondeau sans affectation. La grâce ne la quittait jamais. ■
 Discours à l’inauguration de la porte-tour en 2005
vacillant au point de le faire tenir debout et de lui donner du souf- fle, notamment dans nos régions méridionales : les royaumes goths, chacun des princes et chacune des princesses qui ont régné à Bordeaux et Toulouse deve- naient, sous la plume ou dans la voix de cette conteuse brillante, des personnages familiers, des compagnons de route et de connaissance.
Renée Mussot-Goulard était une
gasconne intransigeante : elle ne
tolérait aucune approximation ou travestissement de ce qu’elle estimait être la vérité des mots sous les traductions fautives, la vérité des faits, la leçon des documents ou des traces archéologiques. Elle
©V. VAUNAT
Renée Mussot-Goulard
par Michel Cardoze
 ©V. VAUNAT
 Renée Mussot-Goulard, membre d’honneur de l’association, lors de sa conférence « 20 ans après » en mars 2003 à Maignaut
  BIBLIOGRAPHIE
■ Enquête sur Maignaut Wasconia - CTR Editeur -1985
■ Histoire de la Gascogne - Puf - 1996 ■ Le Baptême qui a fait la France
Perrin-1996
■ Brigitte, Princesse en Gascogne Editions Atlantica- 2000
■ Charlemagne - Puf - 2001
■ La Dame d’Eauze - Editions Atlantica - 2004
■ Roncevaux, samedi 15 août 778 - Perrin - 2006
■ Quitterie, sainte et gothe - Editions de Paris - 2007
 N°38 ● MAIGNAUT PASSION Info ● 3


































































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