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Mais où passait donc
le grand chemin de Condom ?
Large et droite, la route qui relie Valence à Condom en venant d’Auch fait partie des nombreux « grands chemins » créés ou
rénovés au XVIIIe siècle. Les manuscrits de l’abbé Daignan du Sendat (mort en 1764) mentionnent le « chemin neuf d’Auch à Condom », passant par Valence1. Mais deux actes notariés permettent de situer plus préci- sément ce chantier routier dans le temps2. Le 23 octobre 1744, devant Me Boyer, notaire, le sieur Guillaume Chéné, « entrepreneur des ponts à construire sur le chemain royal de Barbaste, Nérac, Condom à Valence » sous- traite la construction de plusieurs ponts à Etienne Lapeyrere, maître maçon de Valence. Le 12 mai 1745, François Goux, maître maçon de Cassaigne, cède la sous-traitance des ponts qu’il doit construire à Joseph Lanne, maître maçon de Castelnau d’Arbieu. Ce mar- ché porte sur la construction de deux ponts « l’un sur le ruisseau dit de Brunet juridiction de Condom, et l’autre sur le ruisseau de Lacouture au dessous et près de l’hôpital de la Charité du dit Condom ». La nouvelle route est donc en construction vers 1745 et le chan- tier a atteint Maignaut, puisque le ruisseau de Brunet dont il question sépare la juridiction de Maignaut de celle de Condom. Le pont de pierre qui franchissait l’Auloue à la limite des communes de Valence et de Maignaut-Tau- zia3, et que la Résistance fit sauter en juillet 1944, était probablement un des ouvrages d’art de cette nouvelle route.
Ce chantier n’ appartient pas aux grands travaux de l’Intendant d’Étigny, qui va beaucoup contribuer à la modernisation du réseau routier dans sa généralité d’ A uch4. Il relève de celle de Bordeaux, où siège à l’époque l’intendant Tourny. Ces travaux s’appuyaient sur la « corvée royale ». Les
communautés rurales situées à proximité des chantiers devaient fournir gratuitement des journées de travail pour les terrasse- ments ou pour le transport des matériaux. C’est ce qui se passa lors de la construction de la nouvelle route de Condom. Le marché passé par François Goux en 1745 pour la construction de deux ponts stipule que l’entrepreneur n’aura, pour le transport des matériaux, « autre faculté... que celle du transport d’iceux au moyen des corvées que le Roy fait faire à pied d’œuvre5 ». Les hommes des communautés voisines, dont sans doute celles de Maignaut, et du Grand et du Petit Tauzia, furent probablement réquisitionnés pour les transports de matériaux.
Où passait le grand chemin de Condom avant la construction de la route actuelle ? Le nouveau tracé, parallèle à la Baïse, n’a pas dû s’écarter beaucoup de l’ancien. Celui-ci passait probablement à l’est de la route actuelle. Ce qui le fait penser, c’est l’existence, au bord de cette vieille route, d’une hôtellerie dite « de Surleigne » ou « du Tauzia ». Elle appartenait au seigneur du Tauzia. De nombreux actes en font men- tion entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Or le lieu-dit « Surleigne », d’après le cadastre du Grand-Tauzia de 1816, se trouve entre la route et le hameau du Couilléou, donc à peu
1 - Cité par Philippe Lauzun,
Châteaux gascons de la fin du XIIIe siècle, Valence-sur-Baïse, Revue de Gascogne, 1897, p. 333-350, 413-432, 548-564 (p. 347).
2 - A.D. Gers, 3E 2579 (23 oct. 1744, 12 mai 1745).
3 - Au niveau du lieu-dit Bagatelle (aujourd’hui la Ferme de Flaran).
4 - Il est nommé en 1751.
5 - A.D. Gers, 3 E 2579 (12 mai 1745).
6 - A.D. Gers, 3 E 2591 (2 mai 1751).
 8 ● MAIGNAUT PASSION Info ● N°40




















































































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