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  R ien ne destinait la marquise de Cugnac à devenir en secondes noces l’épouse d’un aventurier. Marie Charlotte du Bouzet de Marin était la fille d’Anne de Mellet qui fut la dernière seigneuresse de Maignaut. Elle avait épousé le 14 mars 1782 le marquis de Cugnac. Elle en avait eu six enfants. Sous la Révolution, le ci-devant marquis de Cugnac partit en émi- gration et sa femme obtint le divorce le 4 bru- maire an II (25 octobre 1793). Quelques mois plus tard, elle épousait un certain Paul-Émile Soubiran1. Un homme dont le nom n’est pas inconnu de ceux qui s’intéressent à la « petite histoire » locale. Louis Puech a raconté dans un long article de 1907 son incroyable carrière de
séducteur, d’escroc et d’aventurier2.
Paul Soubiran était né à Lectoure en 1770. C’est sans doute sous la Révolution qu’il prend le pré- nom de Paul-Émile, qui sonne plus romain :
2 ● MAIGNAUT PASSION Info ● N°42
La marquise et l’aventurier
L’héritière des derniers seigneurs de Maignaut
©ERICA GUILANE-NACHEZ-FOTOLIA
Aux États-Unis, il réussit à se voir confier une mis- sion diplomatique, sous une identité d’emprunt. Sa mission tourne court quand il est reconnu à Bayonne par un compatriote. Arrêté plusieurs fois au cours de sa longue carrière, il réussit presque toujours à s’évader. Il se met au service de tous les régimes qui se succèdent en France. Sous la Res- tauration, il parvient à faire oublier son passé, en dénonçant au gouvernement des intrigues bona- partistes. Il passe paisiblement ses dernières années à Lectoure, où il meurt en 18553.
Louis Puech mentionne une liaison entre Paul-Émile Soubiran et « une riche dame des environs de Condom », mais se refuse, au nom des convenances, à citer son nom4. Il n’est pas difficile de reconnaître dans cette dame Marie Charlotte du Bouzet. Louis Puech indique en effet que le mari, émigré, l’avait laissée « avec six enfants sous la garde d’un oncle évêque ». L’oncle ne pouvait être que Louis-Emma- nuel de Cugnac, ex-évêque de Lectoure, retiré au châ-
à l’époque, les Révolutionnaires ne jurent plus que par les héros de l’An-
tiquité. Qu’il ait cherché fortune, ou qu’il ait pris la fuite pour échapper à la police ou à ses créanciers, ses péré- grinations le mènent en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Suède...
























































































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